Jacques PRÉVERT

2017 02 08 • Bref astro-portrait

Anniversaire Jacques PRÉVERT :

4 février 1900, Neuilly-sur-Seine – 11 avril 1977, Omonville-la-Petite (Manche)

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Principales dominantes astrales

VERSEAU (liberté, cinéma) en pointe de Maison VI (de la Vierge) 

Avec trois planètes, Soleil, Mercure (paroles, dialogue) et Mars :

. en trigone avec Pluton Gémeaux maison X (du Capricorne),

. en sextile avec Uranus et Jupiter en Sagittaire maison IV (du Cancer).

Prévert est trop indépendant d’esprit pour faire véritablement partie d’un groupe constitué, quel qu’il soit. Il supporte mal les exigences d’André Breton, et la rupture est consommée en 1930.

Toute sa vie, Jacques Prévert témoignera d’un engagement politique sincère. Surréaliste inclassable, certains observateurs n’hésitent pourtant pas à l’apparenter au courant libertaire.

Il est le scénariste et dialoguiste de grands films français des années 1935-1945, notamment Drôle de drame, Le Quai des brumes, Le jour se lève, Les Visiteurs du soir, Les Enfants du paradis et Les Portes de la nuit de Marcel Carné (1906-1996, réalisateur), Le Crime de Monsieur Lange de Jean Renoir (1894-1979, réalisateur), Remorques et Lumière d’été de Jean Grémillon (1901-1959,réalisateur, scénariste). Il a, à deux reprises, adapté des contes de Hans Christian Andersen (1805-1875, romancier, conteur danois), d’abord La Bergère et le Ramoneur devenu Le Roi et l’Oiseau, film d’animation de Paul Grimault (1905-1994, réalisateur films d’animation) en 1957, puis en 1964, un autre conte d’Andersen, à la télévision, Le Petit Claus et le Grand Claus de son frère Pierre Prévert (1906-1988, cinéaste).

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ASCENDANT VIERGE (travail ; sens littéral, sens caché) – renforcé par la MAISON VI (ci- dessus).

Prévert s’en prend aux stéréotypes du langage, à tout ce qui est figé, imposé : « Les expressions stéréotypées, les citations célèbres, les proverbes, permettent toutes les mystifications possibles. Quand certains êtres en oppriment d’autres, ils tentent en effet de leur faire croire que ce qui se dit ou s’écrit reflète l’ordre naturel des choses : « A tout seigneur tout honneur », « Qui aime bien châtie bien », etc. Aussi Prévert va-t-il détourner de leur sens ces « messages du mensonge », les subvertir au profit de ceux qu’ils desservaient : « Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage à demain, si on ne vous paie pas le salaire d’aujourd’hui » […], ou bien inventera à son tour des aphorismes qui insinueront d’autres rapports de force et surtout une autre conception de la société : « Quand les éboueurs font grève, les orduriers sont indignés » […]. Quand il utilise des clichés, non pas pour les mettre dans la bouche de personnages sans consistance, mais pour son propre compte, il leur fait subir une cure de jouvence, le plus souvent en les prenant à leur premier degré de signification.

Prévert travaillait sur les films jusqu’au mot FIN. Il a travaillé près de trente ans avec Paul Grimault sur Le Roi et l’Oiseau, et, alors que Paul Grimault avait enfin trouvé les moyens de finir son film, et que Prévert était à l’article de la mort, il a travaillé sur les dialogues jusqu’à son dernier souffle. La veille de sa mort, il envoie un télégramme à Paul Grimault avec ces mots : « Et s’il n’en reste qu’un, nous serons ces deux-là.»

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MILIEU du CIEL EN GÉMEAUX

Avec deux planètes en maison X :

. Pluton, maître du Scorpion en maison III des Gémeaux, et en trigone avec les trois planètes en Verseau (ci-dessus),

. Neptune (vaste imaginaire).

Prévert fait éclater le caractère conventionnel du discours par le jeu des mots. Sa poésie est constamment faite de jeux sur le langage (calembours, inventions burlesques, néologismes, lapsus volontaires…) dont le poète tire des effets comiques inattendus (un humour parfois noir), des significations doubles ou encore des images insolites.

Ses poèmes fourmillent de jeux de sons, de combinaisons pour l’oreille (allitérations, rimes et rythmes variés) qui paraissent faciles, mais dont Prévert fait un usage savant. On trouve des apports du surréalisme : inventaires, énumérations hétéroclites d’objets et d’individus, additions de substantifs ou d’adjectifs, etc. Il est friand des procédés de l’image, de la métaphore et de la personnification (animal, objet, humain).

« Jacques Prévert est très attaché à la langue. Il est un gourmet des mots qui éprouve un vrai plaisir en jouant avec eux. Et cette jouissance du verbe, il la communique à ses lecteurs. Dès que les mots jaillissent, il les attrape et s’amuse : il les associe, les oppose, les détourne, les fait sonner les uns avec les autres, joue avec leurs différents sens… Il part de mots simples, « des mots de tous les jours » comme les nomme Garance/Arletty dans Les Enfants du paradis (Marcel Carné, 1945). Et, grâce à un travail d’orfèvre, il leur donne une force et une vivacité teintées d’humour – parfois noir et féroce – qui constituent sa patte. » écrit Carole Aurouet dans Jacques Prévert, Paris la belle, catalogue d’exposition.

Nombre de réalisateurs ont réalisé leur meilleur film avec lui, ou du moins le plus original. Nombre de ses répliques ( « —T’as de beaux yeux, tu sais ? — Embrassez-moi.») (« — François, y a plus de François ! ») (« Paris est tout petit pour ceux qui s’aiment comme nous d’un aussi grand amour.») (« Vous êtes riche et vous voudriez être aimé comme un pauvre. Et les pauvres on ne peut quand même pas tout leur prendre, aux pauvres ! ») sont parfois plus connues que ses poèmes.

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MAISON IV (du Cancer, le foyer)

Avec trois planètes :

. Jupiter maître en Sagittaire, et Uranus maître du Verseau signe natal, tous deux en Sagittaire.

. Saturne maître et en Capricorne.

Jacques Prévert a longtemps vécu dans des meublés et des hôtels avant de s’installer en 1955 dans un appartement au 6 bis cité Véron dans le quartier des Grandes-Carrières, au fond d’une petite impasse derrière le Moulin Rouge, sur le même palier que Boris Vian (1920-1959, écrivain, poète, parolier, chanteur, musicien de jazz, …)

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Le commentaire de Carole Aurouet (1973, maître de conférence spécialiste de Jacques Prévert) résume parfaitement le portrait astral du poète :

« Outre les thèmes abordés, Paroles est également novateur, atypique et détonant, par sa forme et son style. C’est un recueil placé sous le signe de l’éclectisme dans lequel on trouve aussi bien des textes courts que des chansons, des histoires, des instantanés et des inventaires. Prévert y mélange les genres. Il ne s’inscrit dans aucune taxinomie poétique. Par ailleurs, il tord le cou aux règles de versification classique, tant au niveau du rythme que de la disposition ou de la ponctuation. Prévert a notamment gardé de son passage par le surréalisme une façon singulière de détruire les clichés langagiers et les lieux communs. Il attire, par exemple, l’attention de ses lecteurs sur l’arbitraire du signe. Il use avec brio des contrepèteries, des calembours, des équivoques et des allégories. Il rend hommage en quelque sorte au langage populaire. » (Prévert, portrait d’une vie, Ramsay, 2007, p. 126)

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Ajoutons pour conclure, l’éloge politique de jacques Prévert que l’écrivain Roger Bordier (1923-2015) fera dans la revue Europe :

« Du côté des exploités, des pauvres, des démunis, Prévert a crié la scandaleuse organisation de la misère, la honte du crime institutionnalisé, les tartufferies d’une presse aux ordres, la sadique organisation d’une puissance industrielle […] qui confond ses bénéfices personnels avec les biens de la nation. » (« Esquisses pour le portrait d’un meneur », Europe, sept. 1991, p. 8)

Éloge qui a toute son actualité…

Carmela Di Martine

Février 2017

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Sources :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Pr%C3%A9vert

Photo : Par Original téléversé par PRÉVERT Catherine sur Wikipedia français — Catherine Prévert, CC BY-SA 1.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=4797228)

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APARTÉ perso

Souvenir de Jacques Prévert (4 février 1900 – 11 avril 1977)

Combien de fois à la fin des années 50, avons-nous croisé Jacques Prévert, ma mère me tenant par la main, au bas du marché Lepic, près du Moulin Rouge…

Une image bien lointaine me reste gravée, je devais avoir environ cinq ans.

Vêtu d’un long manteau de couleur plutôt beige dans mon souvenir incertain, coiffé d’un chapeau noir légèrement de travers sur la tête, il apparut au creux de la foule. Attentif au grouillement populaire, aux couleurs bigarrées des primeurs, s’emplissant des allées et venues joyeuses des passants, des moindres réparties des marchands de quatre-saisons, il flânait tranquillement. Traînant presque les pieds sur le trottoir gris, comme pour retenir l’instant. Il me semblait flotter à la fois, comme ailleurs… Arrivées à son niveau, il me jetait soudain un œil en coin, un léger sourire du même côté pour ne pas perdre son éternel mégot à l’autre bout droit de ses lèvres. Quelques pas après, maman me murmurait : « C’est Jacques Prévert, ma chérie… ». « Jacques Prévert, ah oui, pensais-je, bien sûr, le Bonhomme de neige  de la chanson que j’avais apprise cet hiver à l’école maternelle !… Le Grand bonhomme de neige qui ne laisse que sa pipe au milieu d’une flaque d’eau, que sa pipe, et puis son vieux chapeau… Le pauvre… Bon, il avait récupéré son chapeau, mais sa pipe ? Qu’était devenue sa pipe ?… » Et je partais dans mille explications…

Mais rien de plus normal pour moi alors que d’apprendre la poésie d’un voisin.

En sortant de l’école
nous avons rencontré…

Les années suivantes, ce fut Marcel Aymé que j’ai souvent croisé, près d’un autre moulin de la Butte Montmartre, le Moulin de la Galette. J’habitais en effet dans la rue du « Passe-Muraille », et passais chaque jour devant chez lui, rue Norvins pour me rendre à l’école Constantin Pecqueur. Arrivée en classe : « Lecture ! annonçait ma maîtresse de Cours moyen, aujourd’hui Delphine, Marinette et le loup… ». Je me demandais ensuite s’il ne pensait pas un peu à ses deux petits héroïnes lorsque de sa fenêtre, il me faisait un léger bonjour de sa main…

Quant on ne voyait pas également la Jument verte avec Bourvil à la télé…

Marcel Aymé, Jacques Prévert et nombre de célébrités encore, étaient pour nous des gens du quartier comme les autres. Nous étions juste fiers de les côtoyer…

Tout un monde qui… d’un coup disparaît…

Autre temps, autre Montmartre maintenant…

Les feuilles mortes se ramassent à la pelle
Tu vois, je n’ai pas oublié
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle
Les souvenirs et les regrets aussi

Et le vent du Nord les emporte,
Dans la nuit froide de l’oubli
Tu vois je n’ai pas oublié,
La chanson que tu me chantais

Carmela Di Martine

Février 2017

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